Depuis près de 120 ans, montres et voitures forment un duo indissociable. Au début du XXe siècle, les premières courses et rallyes automobiles professionnels ont fait naître le besoin d’un chronométrage aussi précis que possible : un défi qu’ont relevé plusieurs horlogers de renom. Alfred Dunhill fut le premier à se lancer dans la course avec la Dashboard Clock, présentée en 1903. Il ne s’agissait ni plus ni moins que d’une montre de gousset conventionnelle, dotée d’une petite seconde, qu’il était possible de fixer sur le tableau de bord d’une voiture de course à l’aide d’un dispositif spécial.
C’est finalement le fabriquant suisse TAG Heuer qui, en 1911, lança la première montre intégrée à un tableau de bord : la Time of Trip. Ce fut également le premier modèle à permettre aux pilotes de mesurer des intervalles de 12 heures pendant des courses d’endurance. Au début des années 1930, le modèle qui lui a succédé et dont le nom demeure célèbre de nos jours, la TAG Heuer Autavia, a quitté les tableaux de bord pour se nicher au poignet des pilotes.
Au fil des années, de nombreuses coopérations ont vu le jour entre manufactures horlogères et fabricants automobiles. Si certaines ont fait long feu, d’autres ont résisté à l’épreuve du temps et jouissent toujours d’un grand succès. Cet article vous présente quelques-unes des montres les plus éminentes issues de ces coopérations et toujours commercialisées aujourd’hui.
Une icône revisitée : l’Heuer Autavia Jack Heuer Limited Edition (réf. CBE2111.BA0687)
TAG Heuer : Carrera, Monaco & Autavia
Lorsqu’il est question de montres et de voitures, un nom semble incontournable : Jack Heuer. Né en 1932, ce pionnier de l’horlogerie a développé toute une série de chronographes sportifs qu’il a présentés aux pilotes de course sur les voies des stands du monde entier. Carrera, Monte Carlo ou Monaco… les noms de ces chronographes annoncent d’emblée leur mission : le chronométrage professionnel dans les dures conditions de la course automobile. Dans les années 1960 et 1970, c’était un must pour les pilotes que d’avoir une TAG Heuer au poignet.
Les montres de TAG Heuer sont les chouchous des caméras : certains d’entre vous se rappelleront certainement le classique hollywoodien de 1971, Le Mans, dans lequel l’iconique Steve McQueen concourt aux 24 Heures du Mans en portant à son poignet la non moins iconique Heuer Monaco, référence 1133. C’est aussi en sa qualité de tout premier sponsor de Formule 1 qu’Heuer apparaît dans de nombreux films, documentaires et reportages de l’époque.
La première montre de course automobile fabriquée par TAG Heuer fut cependant l’Autavia, lancée dans sa première version en 1962 sous la référence 2446. Son nom provient de la contraction des termes AUTomobile et AVIAtion. Pour sa conception, Jack Heuer s’est inspiré du design du compteur de bord pour voitures de course et avions de l’époque du même nom. Heuer, lui-même coureur automobile amateur, avait en effet constaté la difficulté de lire avec précision les informations sur le compteur une fois pris dans la frénésie de la course.
TAG Heuer, aux poignets des pilotes de premier plan
Parmi les amateurs de la TAG Heuer Autavia, on compte les pilotes de Formule 1 Jochen Rindt, Jo Siffert et Mario Andretti. Les exemplaires rétro avec mouvement à remontage manuel Valjoux sont très prisés des collectionneurs et peuvent se révéler parfois coûteux.
Une réédition de la TAG Heuer Autavia a été lancée en 2017, sous la direction du grand horloger Jean-Claude Biver. D’un diamètre de 42 mm, cette montre est équipée d’un calibre de manufacture Heuer 02 et coûte dans sa version avec cadran noir (réf. CBE2110.BA0687) autour de 4 000 €. La version limitée Jack Heuer Edition, avec un cadran argenté, coûte aux alentours de 5 300 €.
L’année 1963 unit les destins de TAG Heuer et de Porsche. C’est en effet en 1963 qu’Heuer inaugura son premier chronographe Carrera et que Porsche révéla sa 911 Carrera aux yeux du monde. Avec ce nom désormais connu de tous, les deux fabricants faisaient référence au Carrera Panamericana, au Mexique, autrefois l’un des circuits automobiles les plus dangereux au monde.
Début 2021, TAG Heuer présentait la montre-bracelet Carrera Porsche Chronographe, premier fruit de sa collaboration directe avec Porsche. Pour son design, la manufacture de La Chaux-de-Fonds s’est inspirée de l’actuelle Porsche 911. La montre arbore un cadran gris asphalte et une lunette en céramique noire portant l’inscription Porsche en lettres rouges. Au cœur de cette montre d’un diamètre de 44 mm bat le calibre de manufacture Heuer 02. Son prix avoisine les 5 000 €.
Breitling for Bentley : l’élégance brute
La collaboration entre Breitling et le constructeur britannique de voitures de luxe et de course Bentley est encore relativement jeune, puisqu’elle remonte à 2002. La symbiose est néanmoins de l’ordre du presque parfait : les deux fabricants sont réputés pour se donner à fond et pour ne pas rechigner devant un peu de clinquant. La collection issue de cette collaboration porte le nom simple et percutant de Breitling for Bentley et a engendré quelques garde-temps remarquables.
Citons à titre d’exemple la Premier Bentley Mulliner Limited Edition, un modèle en acier inoxydable présenté par Breitling en 2020 à l’occasion du lancement de la dernière Bentley Continental GT Mulliner Convertible. Un cadran argenté, des touches de rouge et de bleu : cette montre d’un diamètre de 42 mm tient ses couleurs de celles du puissant bolide. La montre abrite le calibre manufacture Breitling B01 certifié COSC et présente une disposition bicompax des cadrans auxiliaires à 3 et 9 heures. La Premier Bentley Mulliner Limited Edition est limitée à 1 000 exemplaires et coûte environ 6 600 €.
Il vous reste après cela quelque 220 000 € pour la Bentley qui lui a servi de modèle ? Vous profiterez alors de l’horloge Breitling intégrée au tableau de bord dans un cerclage en chrome, qui arbore un beau cadran argenté brossé, guilloché de losanges. Champagne !
Cette collection comprend évidemment d’autres montres dignes d’intérêt, comme la Chronomat B01 for Bentley, qui se distingue par un bracelet intégré et un cadran à finition soleillée. Avec cette montre, Breitling célébrait le 100e anniversaire de Bentley. Sa caractéristique ? Le bracelet rouleau, qui doit sa désignation à la forme de ses fins maillons, qui équipait déjà les premiers modèles de Chronomat au milieu des années 1980. À l’instar de la Premier Bentley Mulliner, c’est un calibre B01 qui anime cette montre. En affichant un prix de 6 100 €, la Chronomat B01 est toutefois moins chère d’environ 500 €.
Porsche Design : des montres pour Porsche, par Porsche
C’est un lien quasi organique qui unit le fabricant automobile Porsche aux montres de Porsche Design. Il s’agit en effet de bien plus que d’une coopération entre deux entreprises : Ferdinand Alexander Porsche, père de la légendaire Porsche 911, a fondé il y a près de 50 ans son atelier de design dans la petite ville autrichienne de Zell am See. Des portes de cet atelier sortent des esquisses de voitures de sport, mais aussi les dessins de garde-temps fonctionnels aux lignes résolument sportives. Leur production s’effectue ensuite dans la ville suisse de Granges.
La première montre officiellement présentée par Porsche Design en 1972 fut le Chronograph 1, pour lequel Ferdinand Alexander Porsche s’est inspiré du tableau de bord de la 911. Il s’agit de la première série jamais produite avec un revêtement PVD. Initialement destiné à être offert aux employés, le Chronograph 1 s’est vite révélé être un véritable succès commercial. Les premiers modèles abritaient un mouvement Lemania 5100, fiable et éprouvé.
À l’occasion cette année du 50e anniversaire du Chronograph 1, Porsche Design propose une nouvelle édition de cette montre légendaire. Le boîtier et le bracelet sont désormais en titane, et non plus en acier inoxydable comme ceux du modèle de 1972. Pour le revêtement, la maison Porsche déploie également de nouveaux procédés de fabrication et habille le titane d’un revêtement en carbure de titane sablé aux billes de verre.
Un vent de modernité souffle aussi à l’intérieur du boîtier, puisque Porsche Design a troqué le mouvement Lemania contre un calibre de manufacture WERK 01.140 certifié COSC doté d’une réserve de marche de 48 heures. Selon les annonces de Porsche Design, ces chronographes nouvelle génération devraient être livrés entre avril et juillet 2022. Le prix officiel pour cette montre produite en série limitée à 500 exemplaires est de 6 972 €.
Porsche Design offre également toute une série de garde-temps de pointe, en termes de matériaux comme de technologie. La série Monobloc Actuator Chronograph, également en titane, vaut aussi le détour : au lieu des habituels poussoirs de chronographe, cette série propose pour cette fonction une bascule de commutation intégrée au boîtier. Une caractéristique fonctionnelle que Porsche Design a empruntée au système de changement de vitesse de l’actuelle 911. Le Monobloc Actuator 24-H-Chronotimer Limited Edition est limité à seulement 251 exemplaires et coûte environ 5 000 €.
Rolex Cosmograph Daytona : la coqueluche venue de Floride
Certes, on n’associe pas la Rolex Daytona à un fabricant automobile en particulier, mais ses relations dans le milieu de la course automobile lui valent tout de même une place dans ce palmarès. La ville de Daytona, sur la côte floridienne, accueille des courses automobiles depuis 1902, soit bien avant que le Daytona International Speedway fut officiellement inauguré en 1959. Rolex fut pour la première fois conviée sur le circuit à titre de chronométreur en 1962. Puis, en 1963, la manufacture genevoise présenta le Cosmograph, doté d’une fonction chronographe. Ce n’est que plus tard que cette montre reçut le prestigieux surnom de Daytona, qui visait à souligner le lien de la marque avec le monde des sports automobiles. Tout comme la Speedmaster d’Omega présentée en 1957, le Cosmograph Daytona possédait une échelle tachymétrique sur la lunette pour déterminer les vitesses moyennes et les distances.
Indissociable des circuits de course automobiles : la Cosmograph Daytona de Rolex
La Rolex Cosmograph Daytona : un départ difficile
On peine à se l’imaginer aujourd’hui, mais la Rolex Daytona n’a pas fait forte impression à sa sortie, bien au contraire. Il lui a même fallu un certain temps pour quitter les vitrines des concessionnaires et trouver son public. Brusque revirement de situation à la fin des années 1960, alors que la légende hollywoodienne Paul Newman, pilote amateur à ses heures perdues, arbore à son poignet une Rolex Daytona de référence 6239 : lorsqu’il donne à voir aux caméras son garde-temps au cadran dit « Exotic Dial », les ventes s’envolent.
Sans cette opportune publicité, Rolex aurait probablement retiré la Daytona de son catalogue et le modèle serait déjà de l’histoire ancienne. Aujourd’hui l’un des chronographes les plus convoités au monde, cette montre se décline en de nombreuses variantes. L’exemplaire personnel de Paul Newman a été vendu aux enchères il y a quelques années pour la fabuleuse somme de 15,3 millions d’euros, ce qui en fait la Rolex la plus chère jamais vendue. Difficile de croire que cette montre pouvait être achetée pour quelques centaines de dollars à la fin des années 1960.
Les prix des Daytona vintage – propriété de Paul Newman ou pas – ont explosé au cours des dernières années. Leur valeur se situe dans le domaine purement spéculatif, quelque part entre 60 000 € et 1 million d’euros. Parmi les modèles néo-vintage, la référence 116520 munie du calibre Rolex 4130 est très populaire. Au moment de la remise de ce texte, elle est encore disponible pour un peu moins de 40 000 €. La référence 116500LN actuelle avec lunette en céramique est pratiquement introuvable chez les concessionnaires officiels. Sur Chrono24, les prix se situent autour de 43 000 €, tendance à la hausse.
