Présente lors de l’édition 2025 du Watches and Wonders, Parmigiani Fleurier est une marque assez jeune selon les critères de l’industrie horlogère, puisqu’elle a été fondée en 1996. La marque nous a montré une fois de plus qu’à côté de tous les noms établis de longue date, il ne faut en aucun cas sous-estimer les jeunes marques. Ainsi, les nouveaux modèles présentés par Parmigiani Fleurier nous ont convaincus tant par leurs qualités extérieures que par leurs qualités intérieures. Nous avons vu des cadrans magnifiquement travaillés et des matériaux très fins associés à une mécanique complexe. Nous avons toutefois été bluffés par la clarté et la linéarité de ces nouveaux garde-temps.
Parmigiani Fleurier : contexte historique
Deux personnes, ou plutôt familles, ont permis à la jeune marque d’acquérir une expérience historique significative et de s’appuyer sur un réseau de fournisseurs. Il s’agit d’une part de Michel Parmigiani, qui a donné son nom à la marque et qui s’est fait un nom en tant que restaurateur de montres mécaniques compliquées et d’automates. La seconde aide est venue de Pierre Landolt, alors président de la Fondation Sandoz, derrière laquelle se trouve la fortune de la famille du même nom. Dans les années 1980, Parmigiani a été chargé de s’occuper de l’entretien et de la conservation de la collection de Maurice-Yves Sandoz, ce qui devait être la genèse de la création d’un microcosme horloger. Le souhait de se lancer dans la production de nouveaux garde-temps est né de cette coopération. Parmigiani avait l’expertise et la Fondation Sandoz les moyens financiers. L’acquisition de fournisseurs locaux a permis une intégration verticale rapide de la marque et l’établissement de Vaucher Manufacture Fleurier, un fabricant de mouvements qui, outre sa propre marque, fournit également des fabricants tiers, principalement dans le segment des prix élevés. Les designs originaux et plutôt conservateurs des premières années tels que les boîtiers tonneau avec cannelures faisaient référence à l’architecture ancienne, mais aussi aux caractéristiques esthétiques des garde-temps historiques de Breguet. Si la qualité artisanale de ses garde-temps a rarement été remise en question et si la marque jouit d’une bonne réputation auprès des collectionneurs, elle n’a jamais réussi à se hisser au niveau de Patek Philippe, Audemars Piguet et consorts d’un point de vue économique. Elle ne serait même rentable que depuis 2022. La collection Tonda PF, qui peut être considérée comme une bouffée d’oxygène non seulement sur le plan du design mais aussi sur le plan économique pour une marque longtemps malmenée financièrement, a sans doute été déterminante à cet égard. Si vous continuez d’associer Parmigiani Fleurier à des montres excentriques, vous devriez jeter un coup d’œil au portefeuille actuel de la marque. Grâce aux mouvements produits par l’entreprise, non seulement à la pointe de la technologie mais possédant également d’excellentes finitions, il reste peu d’excuses pour ne pas accorder à la marque Parmigiani l’attention qu’elle mérite.
Tonda PF GMT Rattrapante Verzasca et Tonda PF Chronograph
Commençons par une montre de la collection Tonda PF, qui a marqué de manière décisive l’image et le chiffre d’affaires de Parmigiani Fleurier au cours des dernières années. Le nom révèle déjà les complications proposées par le calibre PF051. Le terme Verzasca ne désigne pas une fonction, mais une vallée suisse du canton du Tessin, dont le cadran est censé rappeler les eaux vert émeraude. Dès 2022, le calibre PF051 a fait ses débuts dans la première Tonda PF GMT Rattrapante. Très typique de la marque, il est réalisé avec un micro-rotor, une spécialité de Vaucher Fleurier, et les passionnés apprécient sa rareté ainsi que la vue dégagée sur le dos du mouvement. « GMT Rattrapante » ne désigne pas, comme on pourrait le croire, une fonction heure universelle et un chronographe à rattrapante, mais une véritable fonction heure universelle avec un mécanisme de rattrapante intégré. La « vraie » fonction d’heure universelle se distingue de la variante moins luxueuse par le fait que l’aiguille des heures peut être réglée à l’aide d’un poussoir par incréments discrets d’une heure, ce qui est utile pour changer rapidement et précisément de fuseau horaire. En appuyant sur un bouton de la couronne de la montre, la fonction de rattrapante de cette heure universelle permet de faire sauter l’une des aiguilles des heures exactement à la position de la seconde, par exemple à la fin d’un voyage. Grâce à la superposition des aiguilles, la Verzasca apparaît désormais comme une élégante montre à deux aiguilles uniformément rhodiées. L’aiguille de l’heure d’origine, désormais cachée, est en or rose, tout comme le poussoir de la couronne d’ailleurs, ce qui la distingue du reste du jeu d’aiguilles lorsque la fonction GMT est active. Avec une fréquence de balancier de trois hertz et une réserve de marche de 48 heures, le calibre PF051 ne brille pas par ses superlatifs de performance, mais plutôt par ses finitions appropriées. Enfin, le boîtier à lunette cannelée et le bracelet intégré en acier aux surfaces contrastées, brossées et polies, constituent un bel écrin pour accueillir le mouvement. En supprimant délibérément l’aiguille des secondes et en ajoutant la curieuse complication GMT Rattrapante, Parmigiani parvient à fournir une heure universelle épurée au maximum, qui cache habilement sa complexité grâce à un mouvement innovant et ne la laisse apparaître que lorsque le porteur le souhaite.
La Tonda PF Chronograph a également été mise à jour, sans la fonction Rattrapante, mais avec un mouvement de chronographe haute fréquence (5 hertz) entièrement intégré de Vaucher. Le boîtier possède des dimensions plus contemporaines (40 mm contre 42 mm) et le guichet de la date a été supprimé.
Toric Quantieme Perpetuel Platinum Morning Blue
La collection Toric existe depuis la création de la marque Parmigiani Fleurier. La Toric QP Retrograde fut le premier modèle disponible à l’achat à partir de 1996. La collection Toric rafraîchie, telle qu’elle est aujourd’hui distribuée par Parmigiani, représente, à côté de la collection Tonda PF plutôt sportive et moderne, la collection plus conservatrice et d’apparence noble de montres de soirée sans ajouts superficiels. La lunette cannelée typique de Parmigiani est également présente sur la Toric Quantieme Perpetuel, mais les similitudes avec la Tonda PF s’arrêtent là. Outre le design plus classique du cadran avec calendrier perpétuel, qui n’est pas minimaliste mais néanmoins épuré, c’est surtout au niveau du mouvement que l’on constate que l’on évolue dans des sphères plus élevées. Avec son double barillet (60 heures de réserve de marche à quatre hertz) et le motif en losange sur les platines, baptisé « Côtes des Fleurier » en référence aux Côtes de Genève, elle apparaît moins sobre et plus haut de gamme que celle de la Tonda PF. En revanche, il faut débourser environ trois fois plus pour s’offrir cette grande complication. Pour afficher les riches informations d’un calendrier perpétuel (jour, date, mois et indication de l’année bissextile), Parmigiani a recours à deux totalisateurs à aiguilles concentriques de longueurs différentes, ce qui permet au cadran de rester symétrique et de ne pas être surchargé par des fenêtres supplémentaires.
Tonda PF Skeleton Platinum Slate Green
La Tonda PF Skeleton, qui se distingue dans le portefeuille de Parmigiani par son style (y compris au sein de la collection Tonda), a été déclinée dans une édition limitée « Platinum Slate Green » à l’occasion du Watches and Wonders. Le mouvement automatique squeletté PF777 correspond à une interprétation moderne du squelettage, c’est-à-dire qu’il a été conçu dès le départ avec des encoches. Le produit final n’est donc pas élaboré à la main à partir d’une œuvre de base par un travail de sciage laborieux. Malgré cela, l’anglage et les finitions ne sont pas négligés et l’interprétation moderne de cet art ancien s’intègre bien mieux dans l’ADN sportif de la Tonda PF que ne le faisaient les anciens mouvements squelettés.