30/11/2016
 4 minutes

Tudor versus Rolex

Par Bert Buijsrogge

Nous savons tous que l’histoire de Rolex et celle de Tudor sont intrinsèquement liées. Rolex fut fondée en 1905 sous le nom Wilsdorf & Davis à Londres. Le nom Rolex fut déposé quelques années plus tard, en 1908, et la société déplacée à Genève en Suisse en 1919, où elle demeure encore aujourd’hui. La marque Tudor est déposée pour le compte de Wilsdorf en 1926 sous le nom « The Tudor » par Veuve de Philippe Hüther, négociant et fabricant d’horlogerie. En 1936, la marque est reprise par Wilsdorf. La société « Montres Tudor S.A. », nom sous lequel nous la connaissons aujourd’hui, fut créée par Wilsdorf en 1946.

La « Rolex du pauvre » ?

Par une déclaration de Wilsdorf en personne, Tudor annonce en 1952 la sortie prochaine de la Tudor Oyster Prince, qu’il décrit en ces termes : “une montre que nos concessionnaires puissent vendre à un prix plus bas que nos montres Rolex et qui soit digne de la même confiance traditionnelle”. De nombreux amateurs de montres lui ont longtemps collé l’étiquette de « Rolex du pauvre ». Mais s’agit-il bien de cela ? Tudor a produit des modèles similaires à ceux des collections Rolex, de par la personnalité des montres mais aussi parce que des pièces de signature Rolex étaient utilisées. Il n’y a qu’à regarder les Submariner de Rolex et de Tudor des années 1960 ou 1970 pour constater la ressemblance.

Un virage à 180 degrés

Mais quelques décennies plus tard, les lignes commencent doucement à bouger. Rolex est une société qui ne regarde pas en arrière. Elle crée comme elle l’entend et se tourne résolument vers l’avenir sans se reposer sur ses lauriers. Bien sûr, son histoire est présente, mais elle ne semble pas guider la marque outre-mesure. À titre d’exemple, on trouve le modèle GMT-Master en céramique dite « Pepsi » uniquement orné d’or blanc. Cette caractéristique le rend inabordable pour un grand nombre, si ce n’est la plupart des collectionneurs. En revanche, Tudor a gagné en assurance sur bien des aspects. La marque expérimente des techniques et procédés nouveaux tout en maintenant un lien fort avec son héritage.

On peut dire que c’est avec le lancement des modèles Heritage Chrono et Heritage Advisor présentés en 2010 et 2011 que les choses ont commencé à changer. Ces deux montres illustrent le retour des pièces de collection historiques de Tudor, dans une version moderne et séduisante. En gros, ces modèles ont ouvert la voie à la montre qui est maintenant l’un des plus grands succès de la marque : avec la commercialisation du modèle Heritage Black Bay en 2012, Tudor a établi un nouveau standard pour la marque. Celle-ci a réussi l’exploit de revisiter la Submariner en lui donnant un look plus moderne, tout en gardant les caractéristiques chères à la marque, le tout à un prix abordable.

Une grande montre aux multiples possibilités

C’est lors de l’édition 2016 de la Baselworld que Tudor a annoncé qu’un mouvement fabriqué en interne allait désormais équiper les montres de la collection Heritage Black Bay. Quelques indices discrets sur le cadran laissent deviner si la Black Bay est équipée d’un mouvement standard ou d’un mouvement propre à la marque. Le texte du cadran de la nouvelle collection est disposé horizontalement, tandis que celui des modèles précédents était incurvé à 6 heures. La marque a également lancé une version en bronze et une en DLC du modèle Black Bay.

Tudor Black Bay Dark & Bronze

Tudor Black Bay Dark & Bronze. Photo : © Bert Buijsrogge

La bonne nouvelle dans toutes ces innovations, c’est que Tudor ne renie en rien son héritage Rolex/Tudor. Dans les années 1970, Tudor fournit à la Marine française des Submariner à aiguilles « snowflake » (flocon de neige), sans bracelet. Il est arrivé que des plongeurs se servent de sangles de parachutes pour fabriquer des bracelets élastiques. Cela rendait la montre plus confortable à porter et plus facile à ajuster sur un poignet, notamment par dessus une combinaison de plongée. Cette petite histoire a inspiré les créateurs du nouveau bracelet de la Black Bay Bronze, qui est proposé en complément du bracelet en cuir vieilli. La version DLC ou Black Bay Dark, quant à elle, arbore un triangle rouge sur la lunette et un libellé rouge sur le cadran : des détails clairement inspirés des Submariner des années 1950 et 1960. Toujours en clin d’œil au passé, la version Dark de la Black Bay est également disponible avec un bracelet en acier sans pièces de bout, avec des attaches droites cylindriques. On trouve cette caractéristique uniquement sur la Tudor Submariner référence 7923, qui date des années 1950. La marque réintroduit également le bracelet riveté. À l’époque, le bracelet de l’Osyter était constitué de maillons rivetés entre eux.

Outre tous les modèles héritage qui font le lien avec le passé de la marque, Tudor a récemment élargi son offre en proposant également des montres sportives comme celles de la collection Fastrider. Elle a aussi créé quelques modèles innovants dans le but d’attirer un nouveau public. La marque de « Rolex pour pauvres » a frappé un grand coup avec cette impressionnante collection. Tout en tirant parti de la richesse de son héritage, elle est parvenue à lui donner une nouvelle dimension en utilisant les techniques et matériaux les plus modernes. Tudor attisera probablement la curiosité et l’enthousiasme de nombreux collectionneurs qui se demanderont quelle direction prendra Tudor dans un avenir proche.


À propos de l'auteur

Bert Buijsrogge

J'ai travaillé dans l'immobilier pendant 15 ans. Ces dernières années, j'ai transformé ma passion pour les montres et la photographie en une véritable carrière. Mon …

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