L’édition 2019 du SIHH a de nouveau permis au monde horloger de se retrouver pour célébrer de merveilleux garde-temps, partager des histoires et profiter de la présence d’autres passionnés. Nous avons néanmoins bien mérité notre repos après ces quelques jours extrêmement divertissants et intéressants ! Les différentes maisons présentes peuvent elles aussi s’accorder deux mois de répit avant le début du Baselworld, un autre événement dédié aux montres mais différent à bien des égards. Revenons tout d’abord sur le Salon International de la Haute Horlogerie, qui s’est déroulé du 14 au 17 janvier dernier.
Le Carré
Comme les années précédentes, le salon a été divisé en deux sections : à côté du hall classique accueillant 18 marques se trouve en effet le Carré des Horlogers, une immense salle permettant à 17 exposants indépendants de présenter leurs pièces. Des marques telles que MB&F, RJ, Urwerk et Ressence ont par exemple tenu un stand au Carré. Ces petites espaces s’articulent autour d’une pièce centrale qui est le véritable cœur de l’action. Il n’est pas rare d’y croiser des visiteurs et des représentants des marques discuter autour d’un café ou devant un bon plat. Cette section du salon est particulièrement prisée des passionnés d’horlogerie indépendante. Nous avons ainsi croisé à plusieurs reprises Philippe Dufour, accoudé au bar en train d’ échanger quelques mots avec un confrère, ou encore Laurent Ferrier posté devant son stand afin de présenter lui-même ses garde-temps aux visiteurs. Les plus chanceux ont même pu apercevoir Pierce Brosnan, un ambassadeur de la marque Speake-Marin.
Des Maisons historiques
Les Maisons historiques exposent dans un vaste espace de halls interconnectés à l’extérieur du Carré. Les piliers de l’industrie horlogère suisse sont venus présenter leurs créations les plus somptueuses. Nous avons par exemple pu admirer les nouveautés du groupe Richemont (A. Lange & Söhne, Baume & Mercier, Cartier, IWC, Jaeger-LeCoultre, Montblanc, Panerai, Piaget, Roger Dubuis, Vacheron Constantin) ainsi que d’autres grands noms du secteur tels qu’Audemars Piguet, Hermès, Ulysse Nardin et Bovet. Il a cependant été difficile d’observer de près les montres proposées : à l’inverse de l’ambiance détendue du Carré, les présentations des nouveautés de chaque manufacture horlogère auprès des différents médias se sont succédées selon un planning très serré. Chaque groupe était composé de journalistes de certains marchés : Benelux (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg) et Scandinavie ; Royaume-Uni, Australie et Nouvelle-Zélande ; DACH (Allemagne, Autriche, Suisse), etc. La plupart des stands permettaient également de jeter un œil aux garde-temps exposés dans une vitrine.
Tout le monde en parle
Chaque édition voit des montres ou des fabricants se démarquer des autres pour de bonnes (ou de mauvaises) raisons. Cette année, ce fut au tour de la splendide Master Grande Tradition Gyrotourbillon Westminster Perpétuel de Jaeger-LeCoultre d’être sur toutes les lèvres. Comme son nom l’indique, cette création étonnamment complexe comporte un gyrotourbillon, un calendrier perpétuel et une répétition minutes imitant le système de carillon de Big Ben. Malgré toutes ces complications, ce garde-temps ne mesure que 43 mm de diamètre et un peu plus de 14 mm d’épaisseur, ce qui le rend étonnamment facile à porter – si cette pièce rentre bien entendu dans votre budget. Les acheteurs de telles montres ne cherchent néanmoins pas à exhiber un accessoire de luxe, mais plutôt à montrer leur admiration du savoir-faire entrant dans leur fabrication. Les autres nouveaux modèles de Jaeger-LeCoultre étaient également somptueux, mais c’est le moins que l’on puisse attendre d’une maison horlogère au passé aussi bien rempli.
La controverse
La nouvelle collection d’Audemars Piguet baptisée CODE 11.59 a également fait couler beaucoup d’encre sur les réseaux sociaux et a alimenté de nombreux débats au SIHH. Soyons francs : le design de la Royal Oak fêtera bientôt ses 50 (!) ans et a été tellement revisité que nous attendions quelque chose de nouveau de la part de la marque. Conçue par Gérald Genta, la première Royal Oak a en effet été présentée lors du Baselworld de 1972. Malgré la popularité de ce modèle, il était grand temps qu’AP fasse preuve d’un peu plus d’imagination. Dans les semaines précédant le SIHH, les réseaux sociaux ont semé de nombreux indices sur cette nouvelle collection de montres. L’enthousiasme du public est toutefois retombé comme un soufflé lorsque le modèle a enfin été dévoilé. Il vous suffit de faire quelques recherches sur la gamme CODE 11.59 pour voir à quel point sa conception est controversée.
Même si je comprends et que j’apprécie le temps ainsi que les efforts investis dans l’élaboration de ces nouveaux garde-temps, il faut avouer que le cadran n’est malheureusement pas à la hauteur de mes attentes – et je ne suis apparemment pas le seul à penser que le cadran joue un rôle bien plus important que le boîtier. Malgré les réactions mitigées, AP n’a pas plié et a défendu comme il se doit sa nouvelle création. Une réaction admirable et à juste titre, mais qui ne viendra pas pour autant remonter la cote de la montre auprès du public. La CODE 11:59 n’a peut-être pas eu l’effet escompté, mais il est tout à fait possible que le public finisse par lui offrir l’accueil tant attendu – seul l’avenir nous le dira.
Autres nouveautés notables
Montblanc, Cartier, IWC, Baume & Mercier ainsi qu’Hermès nous ont réservé de très belles surprises au SIHH 2019. S’il est vrai que les montres des maisons indépendantes sont moins abordables que celles des grands noms, beaucoup de petites marques ont fait leurs premiers pas au SIHH pour nous présenter des petits bijoux technologiques. Nous avons adoré la Ressence Type 1 Slim, l’Armin Strom Resonance Dual Time dans son boîtier saphir ainsi que la Medusa issue de la collaboration entre MB&F et L’Epée 1839. Les quatre jours du SIHH sont un véritable marathon et il est presque impossible de faire le tour de tous les exposants. Nous n’avons même pas eu le temps de nous intéresser aux marques qui ne participaient pas au salon, mais qui organisaient en parallèle leurs propres expositions à Genève. Le conglomérat de luxe LVMH a par exemple présenté ses quatre marques horlogères (TAG Heuer, Zenith, Hublot et Bulgari) à bord d’un bateau amarré sur le lac Léman. Même si le bateau a depuis levé l’ancre, la marque s’est ensuite rendue en ville pour nous faire découvrir ses nouvelles montres.
L’avenir du SIHH
Les prochaines éditions apporteront leur lot de changement, à la fois pour le SIHH et pour le monde horloger en général. Quelques grands noms ont annoncé leur départ des deux salons. Tout le monde sait désormais que le Swatch Group s’est retiré de Baselworld et ne participera plus au salon à partir de 2019. Le SIHH comptera lui aussi quelques exposants en moins : les maisons Richard Mille et Audemars Piguet ont annoncé qu’elles ne reviendraient pas en 2020.
À partir de 2020, les dates du SIHH et du Baselworld seront par ailleurs coordonnées afin de mieux s’adapter aux horaires chargés des journalistes et de faciliter leurs déplacements. Le SIHH se tiendra ainsi du 26 au 29 avril à Genève et sera directement suivi du Baselworld, qui se déroulera du 30 avril au 5 mai à Bâle. Les journalistes du monde entier ont accueilli ce changement indispensable à bras ouverts. Avant de penser à l’année prochaine, nous attendons avec impatience l’ouverture du Baselworld 2019. Malgré l’absence du Swatch Group, il nous restera de nombreuses marques intéressantes à (dé)couvrir.
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