Chaque année, les amateurs d’horlogerie spéculent sur les montres dont la production sera arrêtée et sur les modèles qui seront mis à jour. Pour l’univers Rolex, tout particulièrement, les prédictions en tout genre sont légion. Les prix augmentent alors rapidement pour les références dont on pense qu’elles seront retirées du marché. Évidemment, ces prédictions ne se vérifient pas toujours. L’année dernière, de nombreux revendeurs du marché gris étaient convaincus que Rolex allait annoncer le retrait de la célèbre Rolex Daytona « John Mayer » en or jaune avec un cadran vert. Le modèle a alors fait l’objet d’une forte demande, entraînant une flambée des prix… qui sont redescendus dès qu’il est devenu évident que le modèle resterait en production pendant un an de plus au moins. En 2022, la même chose est susceptible de se produire avec d’autres montres de marques prisées. Nous savons déjà quelles grandes icônes de l’horlogerie cesseront d’être produites et nous avons quelques idées concernant d’autres références qui tireront leur révérence l’année prochaine. Nous les partageons ici avec vous !
1. La Rolex Daytona « John Mayer » réf. 116508
C’était un premier choix facile. Compte tenu du battage médiatique et des spéculations de l’année dernière, qui ont donné lieu à l’escalade des prix que l’on connaît, peut-on vraiment encore s’aventurer à spéculer sur le retrait de ce modèle ? La Rolex Daytona réf. 116509 a été lancée lors du Baselworld 2016, avec son homologue en or blanc avec un cadran bleu. Lorsque ces modèles sont arrivés sur le marché, on pouvait assez facilement mettre la main dessus. Ce n’est que lorsque John Mayer l’a évoquée dans Talking Watches avec Hodinkee que la référence a connu un véritable engouement. Cette année marque la sixième année de présence du modèle dans le catalogue, ce qui, pour être honnête, n’est pas si long pour une Rolex. Pour vous donner une idée, la Rolex Daytona « John Mayer » a été présentée en même temps que la génération actuelle de Rolex Daytona en acier inoxydable, la référence 116500LN. S’il semble peu probable que Rolex mette à jour l’ensemble de la collection Daytona, ce ne serait pas la première fois que la marque genevoise nous surprendrait. Bien sûr, ceux qui spéculent sur les références « John Mayer » pourraient avoir raison. L’avenir (proche) nous le dira.
2. La Rolex Air-King réf. 116900
La deuxième Rolex que je souhaite mentionner est la singulière Rolex Air-King réf. 116900. Également présentée pour la première fois à Baselworld 2016, cette montre n’a jamais fait l’unanimité : certains l’adorent, d’autres la détestent. La raison à cela : son cadran bizarre qui arbore des éléments de la Rolex Explorer et deux instruments de cockpit créés par Rolex en 2006 pour le projet spécial Bloodhound SSC. Ce projet d’ingénierie visait à développer une voiture capable d’atteindre une vitesse terrestre de 1 000 mph. Les deux instruments spéciaux du cadran de cette voiture ont servi d’inspiration directe pour le cadran de la Rolex Air-King. Ajoutez à cela le boîtier Rolex Milgauss, et vous obtenez une montre des plus clivantes. Mais pourquoi abandonner ce modèle ? Après que le projet Bloodhound SSC a connu des difficultés financières en 2018, puis ressuscité sous le nom Bloodhound LSR, Rolex s’est retirée du projet, ce qui a eu pour effet le retrait des instruments de mesure. Quatre ans plus tard, il est grand temps pour la marque de retirer de son catalogue son modèle le plus insolite. Reste à savoir s’il sera remplacé par un nouveau modèle, mais il semble que ce ne soit qu’une question de temps avant que l’actuelle Rolex Air-King cesse d’être produite.
3. La Rolex Milgauss 116400GV
Restons dans la catégorie insolite de Rolex : la Milgauss est un modèle excentrique qui ne figure pas sur la liste des modèles préférés de tout un chacun. En ce qui me concerne, j’aime beaucoup la Rolex Milgauss, car elle doit sa bizarrerie à une raison particulière. Depuis la création de la toute première Milgauss (réf. 6543) en 1954, ce modèle fait partie du catalogue Rolex. La marque l’a présenté comme une montre destinée aux scientifiques travaillant dans des environnements à fort magnétisme et qui ont besoin d’une montre professionnelle capable de résister à ces forces. La génération actuelle de Milgauss est produite depuis 2007 et son design, tout en présentant les caractéristiques de Rolex, est à l’image de sa fonctionnalité quelque peu curieuse. D’un diamètre de 40 mm, la montre en acier inoxydable présente un boîtier intérieur en deux parties, fabriqué à partir de deux métaux ferromagnétiques, qui entoure et protège le mouvement des champs magnétiques. Vous avez le choix entre une version avec un cadran noir ou un cadran bleu Z. Toutes deux sont dotées d’un verre saphir vert et de l’iconique aiguille des secondes en forme d’éclair orange. Emblématique, elle est également excentrique. Comme elle fait partie de la collection Rolex depuis 2007, je ne serais pas surpris de voir une version actualisée de la Rolex Milgauss en 2022.
4. L’Audemars Piguet Royal Oak « Jumbo » Extra-Plate réf. 15202
Passons de Rolex à Audemars Piguet. En 2022, la marque célébrera le 50e anniversaire de sa plus grande icône : la Royal Oak. Créée par le légendaire designer horloger Gérald Genta et lancée en 1972 pour sauver l’entreprise en difficulté, la Royal Oak est devenue l’un des garde-temps les plus emblématiques au monde. Au cours des cinquante dernières années, Audemars Piguet n’a créé que quatre références de la Royal Oak « Jumbo ». La première fut la référence 5402, produite entre 1972 et 1990. La deuxième fut la référence 14820 de 1992, la référence « Jubilé » pour les 20 ans du modèle. La troisième fut la très rare et très prisée référence 15002, que la marque n’a fabriquée que pendant deux ans avant de la remplacer par la 15202, au tournant du millénaire. Elle fait partie de la collection depuis lors, mais il est grand temps de faire peau neuve, ainsi que l’a laissé entendre François-Henry Bennahmias, PDG d’Audemars Piguet, lors d’une interview au début de l’année 2021. Il a évoqué la possibilité d’une nouvelle Royal Oak « Jumbo » en métal précieux pour le prochain anniversaire. Il sera intéressant de voir ce que la marque proposera pour célébrer le 50e anniversaire de sa plus grande icône. Espérons qu’un nouveau modèle en acier inoxydable fera partie des célébrations ; après tout, c’est ainsi que Genta a conçu sa Royal Oak à l’origine.
5. La Patek Philippe Nautilus réf. 5711/1A
La dernière montre de cette liste est une autre icône née sous le crayon de Gérald Genta. La Patek Philippe Nautilus est la deuxième des trois montres emblématiques conçues par Gérald Genta dans les années 1970, la troisième étant la brillante IWC Ingenieur. Bien qu’IWC se soit essayée à plusieurs reprises à créer une version moderne de l’Ingenieur de Genta, ses tentatives n’ont pas été à la hauteur des attentes du public. Nous savons avec certitude qu’au moins une des icônes de Genta sera retirée du catalogue : le président de Patek Philippe, Thierry Stern, a révélé début 2021 que la Nautilus à cadran vert en acier inoxydable, la réf. 5711/1A, serait le dernier modèle portant ce numéro de référence et qu’il ne serait produit que pendant 12 mois. Une annonce qui a choqué les amateurs de montres du monde entier : serait-ce la fin de l’emblématique Nautilus en acier, descendante directe de la création de Gérald Genta ? Dans une interview, M. Stern avait évoqué une nouvelle sortie qui devait faire l’effet d’une bombe. Il faisait alors référence à une version spéciale Tiffany & Co. de la réf. 5711/1A. Cette montre, dotée d’un superbe cadran bleu Tiffany, sera disponible pour 170 heureux clients, pour célébrer les 170 ans de partenariat entre les deux marques. Après cela, la réf. 5711/1A sera probablement arrivée en fin de course. Il sera intéressant de voir si les deux derniers modèles emblématiques de la trilogie de Genta feront leur retour en 2022 revêtues d’acier inoxydable ou si l’année marquera la fin de production de la référence et, avec elle, la fin de la trilogie. Assurément, j’espère que non, car ce trio de montres a défini l’industrie horlogère au cours des cinq dernières décennies.
Soyons donc patients et gardons un œil sur ces références. Il est très probable que nous obtiendrons les réponses à nos questions lors du Watches & Wonders 2022, qui devrait avoir lieu au printemps. Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne chasse !
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