Pourquoi faire simple lorsque l’on peut faire des montres à complications ? Ces finesses techniques augmentent le degré de sophistication d’une montre, de pair avec sa valeur. Mais qu’entend-on exactement par complication ? Il s’agit de toutes les fonctions indiquant une autre information que l’heure. Parmi les plus simples, appelées « petites complications », on citera l’affichage de la date ou des phases de lune. Mais il existe aussi de « grandes complications », comme le quantième perpétuel (ou calendrier perpétuel). Évidemment, c’est tout à fait superflu, il suffit d’un coup d’œil à son smartphone pour connaître la date (et l’heure, d’ailleurs). Mais les complications continuent d’exercer une véritable fascination et témoignent de ce qu’est le savoir-faire horloger.
Plus le mouvement est compliqué, plus il compte de composants. Non seulement elles sont plus complexes (et coûteuses) à l’entretien, mais beaucoup de montres à complications sont aussi plus volumineuses. C’est qu’il faut bien loger tous ces composants quelque part ! Quand on débute dans le monde de l’horlogerie, on a vite fait de penser que ces chefs-d’œuvre sont réservés aux hommes. Détrompez-vous ! En cherchant bien (et en étant prête à porter des modèles unisexes), on trouve de superbes montres aux dimensions adaptées aux poignets féminins. Ces messieurs n’ont donc pas l’apanage des complications, et je vous le prouve aujourd’hui en vous présentant quelques-uns de mes modèles compliqués favoris !
Affichage du jour et de la date : la Rolex Day-Date 36 mm
Commençons par un classique : l’affichage de la date et du jour de la semaine. Sur cette complication, la date est indiquée par un guichet de la date. Pour ce faire, un disque rotatif tourne pour afficher la date, de 1 à 31. L’affichage du jour de la semaine ne fonctionne pas différemment : un second disque rotatif tourne et égrène les jours de la semaine. Comme ces deux complications sont relativement faciles à mettre en œuvre, elles ne prennent que peu de place et équipent donc de nombreuses montres pour femmes.
Le modèle le plus célèbre doté de ces deux complications est sans aucun doute la Rolex Day-Date, la première montre automatique étanche et certifiée chronomètre à afficher la date et le jour de la semaine en toutes lettres. Pour les femmes, elle est disponible en 36 mm de diamètre, une taille qui convient à presque tous les poignets. Actuellement, la Rolex Day-Date est disponible avec l’affichage du jour de la semaine en 26 langues. Tous les modèles sont en métal précieux et montés sur le légendaire bracelet President. L’impressionnante liste de ses détenteurs comprend de nombreux dirigeants. Plus impressionnant encore : voir à minuit pile l’affichage de la date et du jour de la semaine changer de manière parfaitement synchrone. Si le fonctionnement de cette complication est simple à décrire, la magie de la voir à l’œuvre, elle, se passe de mots.
Le chronographe flyback : Blancpain Air Command Flyback Chronograph Automatic 36,2 m
Les chronographes font partie des fonctions les plus appréciées et les plus pratiques. Non seulement ils indiquent l’heure, mais ils permettent aussi de mesurer le temps. De petits cadrans auxiliaires, appelés totalisateurs, indiquent le temps chronométré. Généralement, deux poussoirs déclenchent, arrêtent et réinitialisent ce compteur. Si l’utilité des chronographes dans le sport automobile est évidente, vous serez peut-être étonnée d’apprendre qu’ils étaient également appréciés des aviateurs : dans le domaine militaire, notamment pour les vols à l’aveugle, la mesure du temps doit être exacte, et le compteur rapidement remis à zéro. Avec un chronographe normal, il fallait arrêter le chrono, remettre les compteurs à zéro et redémarrer le chronométrage : autant d’étapes qui pouvaient faire perdre un temps précieux… C’est pourquoi le chronographe flyback – ou « retour en vol » – a été développé : il suffit d’appuyer une fois sur le poussoir pour arrêter un chronométrage, remettre le compteur à zéro et relancer un nouveau chrono.
Il y a longtemps que les chronographes flyback ont quitté le cockpit et se sont fait une place dans notre vie quotidienne. Leur adaptation à la gent féminine est principalement le fait de Blancpain, première manufacture à présenter un chronographe flyback pour femmes en 1998. La nouvelle Air Command en 36,2 mm, une montre sportive dotée de cette fonction, est inspirée d’un chronographe des années 1950. À l’instar de ce dernier, il est possible de mesurer le temps non seulement au moyen du chronographe, mais aussi de la lunette de compte à rebours. La composition du cadran et la forme des aiguilles et des index rappellent l’original en conférant à la montre un look vintage. Sportive, singulière et en même temps polyvalente, je recommande vivement aux amatrices d’y jeter un œil !
La répétition minutes : Grande Complication Répétition Minutes, par Patek Philippe
La Répétition Minutes n’est pas seulement l’une des complications les plus élaborées, c’est peut-être aussi la plus belle… Elle sonne l’heure à l’aide d’un mécanisme de timbres qui fait retentir différentes notes. Contrairement à une horloge de clocher, cette restitution acoustique de l’heure ne se fait pas systématiquement, mais uniquement sur demande. Et ce, à la minute près. Pour la Grande Complication Répétition Minutes, Patek Philippe utilise un ton grave pour les heures, une séquence de deux tons pour les quarts d’heure et un ton aigu pour les minutes. À 8 h4 2, la montre sonne donc huit tons bas, deux tons doubles et douze tons hauts.
Pour déclencher la sonnerie, le boîtier de la Grande Complication Répétition Minutes de Patek Philippe est pourvu d’un poussoir à 9 heures. D’un diamètre de 38 mm, la montre sied à tous les poignets et transcende les genres et les générations. Le cadran en émail et le mouvement visible à travers le fond transparent sont eux aussi magnifiques. Mais lorsque l’on appuie sur le poussoir et que l’on entend les petits marteaux frapper sur des timbres situés à l’intérieur de la carrure, c’est un moment de pur plaisir. Si vous tenez un jour cette montre entre vos mains : profitez-en, c’est un privilège que peu d’entre nous connaîtrons.
Affichage de la date et indicateur de réserve de marche : Vacheron Constantin Malte Tonneau Tourbillon Platine
Le design de la Malte Tonneau Tourbillon Platine de Vacheron Constantin fait la part belle à une finesse technique appelée tourbillon. Pourtant, on ne saurait parler ici de complication. Pourquoi ? Un tourbillon améliore certes la réserve de marche d’une montre, quelle que soit la position dans laquelle elle se trouve, mais ne fournit pas pour autant d’information complémentaire. Non, c’est pour son affichage de la date et de la réserve de marche que cette montre figure sur ma liste, avec la particularité que la date n’apparaît pas dans un guichet dédié, mais est indiquée par une petite aiguille. Cela n’en facilite pas la lecture, mais disons-le simplement : c’est joli.
Mais qu’est-ce que l’indicateur de réserve de marche au juste ? Et à quoi sert-il ? Dans les montres mécaniques, l’énergie qui fait fonctionner le calibre est générée par un ressort. La durée pendant laquelle un ressort remonté à bloc peut animer un mouvement s’appelle la réserve de marche. L’indicateur de réserve de marche renseigne donc sur la durée restante de fonctionnement de la montre au moyen d’une aiguille. Cette fonction est fort utile car, pour préserver le mécanisme d’une montre, la réserve de marche ne doit jamais s’épuiser complètement : il faut remonter la montre avant qu’elle ne s’arrête. Cependant, on aurait tort de réduire la Malte Tonneau Tourbillon Platine à ses complications, son tourbillon ou sa forme caractéristique. C’est la synergie de ses lignes, de sa technique et du savoir-faire séculaire qu’elle renferme qui fait de cette montre une pièce unique.
Conclusion
Vous l’aurez compris : les complications sont tout à fait superflues depuis l’avènement des smartphones. Toutes les informations qu’elles peuvent nous fournir sont déjà affichées sur nos téléphones, avec une meilleure précision. Il suffirait d’ailleurs de régler un chronomètre pour surveiller la réserve de marche d’une montre. Mais souhaitons-nous vraiment nous laisser aller à des considérations aussi pragmatiques ?
Il n’y a que les tristes sires pour dénigrer le charme des complications ! Les amateurs de montres sont des personnes mues par la passion, et les complications parlent à notre cœur… En ce qui me concerne, j’ai beau lire tous les articles que je trouve à leur sujet, en comprendre les mécanismes dans les moindres détails (ou presque), c’est plus fort que moi, j’adore actionner les chronographes flyback, les phases de lune me captivent et je tombe en pâmoison quand j’entends retentir une répétition minute. Vous l’aurez compris, je suis sensible à la magie des complications, et je suis sûre de ne pas être la seule.
C’est pourquoi, chers fabricants, continuez de nous gratifier de vos montres compliquées pour ajouter un peu de magie à notre quotidien !
