Nombre d’entre nous aiment la tradition lorsqu’il s’agit de consulter l’heure. Nous avons l’habitude de regarder en premier l’aiguille des heures, puis l’aiguille des minutes et éventuellement la trotteuse, trop souvent laissée de côté. Mais savez-vous qu’il existe d’autres façons, plus élaborées ou artistiques, de donner l’heure ? Je veux parler des montres à heure sautante. Ces garde-temps sont à l’opposé des montres classiques dans leur manière de donner l’heure tout comme dans leur conception, mais d’où viennent-ils exactement et comment fonctionnent-ils ?
Montres de gousset numériques
Fait intéressant, les montres à heure sautante d’aujourd’hui sont fabriquées d’après un concept mis au point et breveté en 1882 par l’ingénieur autrichien Josef Pallweber. Il eut l’idée de créer pour les montres de gousset un affichage à chiffres présenté sur des disques rotatifs, en complément des traditionnelles aiguilles. Cette complication gagna en popularité tout au long du XIXe siècle et jusqu’au début du XXe. Le principe du mécanisme inventé par Pallweber fut ensuite appliqué aux montres-bracelets à partir des années 1920. Au cours des dernières années, l’intérêt pour les montres mécaniques à affichage numérique s’est accru et les fabricants rivalisent d’ingéniosité pour intégrer cette complication en s’affranchissant des conventions.
Les montres à heure sautante tirent leur nom de leur concept. L’indication de l’heure est au format numérique et s’affiche dans un guichet, le plus souvent positionné à 12 heures, mais pas toujours. Le chiffre change automatiquement à chaque passage d’heure, ce qui constitue un petit événement en soi, que l’on ne veut surtout pas rater. Attention cependant à ne pas cligner des yeux au mauvais moment pour ne pas rater le spectacle.
Il existe des garde-temps à heure sautante traditionnels comme l’Audemars Piguet vintage des années 1920. Cette montre affiche l’heure sautante à 12 heures, tandis qu’un disque égraine les minutes en tournant doucement. Bien que cette pièce puisse paraître assez simple à première vue, à l’extérieur comme à l’intérieur, ne vous y trompez pas, elle recèle de nombreux éléments intéressants.
En général, l’indication de l’heure sautante fonctionne par le biais d’un système complexe de disque rotatif dont le mouvement comprend plusieurs centaines de composants. La complication de ces montres est en réalité difficile et longue à fabriquer. Certaines pièces nécessitent l’attention scrupuleuse de l’horloger pendant des jours durant. C’est pour cela que seule une poignée de fabricants intègrent des montres à heure sautante dans leurs collections ordinaires.
Montres modernes à affichage numérique
Citons tout de même le nom de quelques horlogers qui brisent les carcans de la montre à heure sautante classique en y ajoutant d’autres complications, comme un tourbillon ou la répétition minutes. Certains d’entre eux parviennent même à obtenir des garde-temps totalement inhabituels, à l’image de la manufacture A. Lange & Söhne.
La Zeitwerk est considérée comme un chef-d’œuvre parmi la pléthore d’autres garde-temps que Lange est parvenu à mettre au point. Couverte par deux brevets, elle est dotée de la complication d’heure sautante et d’une indication de minute sautante, tout en affichant une belle harmonie d’ensemble. Il est difficile de se représenter la quantité de savoir-faire et de connaissances qu’il a fallu mobiliser pour parvenir à créer une montre capable d’afficher à la fois l’heure et la minute sautantes et de synchroniser précisément les minutes sur l’heure à chaque changement d’heure. Si vous cherchez une montre à heure sautante plus traditionnelle (et peut-être plus économique), vous aurez le choix parmi les nombreuses montres qui affichent cette complication d’une manière tout aussi élégante.
