Si la tendance des calibres de manufacture est loin de s’essouffler dans les gammes de prix les plus élevées, la grande majorité des montres abordables restent tributaires de mouvements produits en série. Pour un nouveau venu souhaitant trouver plus d’informations afin de mieux évaluer de potentielles acquisitions, pas facile d’y voir clair parmi les nombreux fournisseurs et les désignations souvent spécifiques à chaque marque. Dans cet article, nous vous présentons brièvement les fournisseurs de mouvements les plus importants de l’industrie – accompagnés bien entendu de leurs modèles les plus connus.
ETA
Même si l’époque du quasi-monopole est révolue, ETA reste le principal acteur sur le marché des mouvements mécaniques d’origine suisse. Aujourd’hui filiale de Swatch Group, la marque initialement connue sous le nom d’Ébauches SA est née en 1926 de la fusion de deux fabricants de mouvements historiques, FHF (Fabrique d’Horlogerie de Fontainemelon) et AS (Adolph Schild). Avant d’être rebaptisée ETA suite au détachement de la société du même nom, Ébauches SA a réuni de nombreux fournisseurs de mouvements dans le but d’éviter une guerre des prix destructrice. Cette décision permet de mieux comprendre pourquoi ETA continue de proposer des mouvements très stylés et incroyablement différents : la gamme s’est développée à partir d’entreprises à l’origine indépendantes, ce dont témoignent encore des noms comme Peseux, Valjoux et Unitas.
Le mouvement ETA le plus célèbre (et le plus utilisé) est probablement le 2824-2, un mouvement à remontage automatique à trois aiguilles avec date. Les deux premiers chiffres de la référence, 28, indiquent la famille de mouvement auquel il appartient, tandis les autres chiffres donnent plus d’informations sur les fonctions ou les complications. Le 2836-2 affiche par exemple le jour et la date, tandis que le 2801-2 ne permet aucun affichage de la date.
L’ETA 2982, reconnaissable à son grand roulement de rotor au centre et son épaisseur inférieure à celle du 2824-2, est très prisé dans les gammes de prix supérieures. Une version du 2892 se retrouve par exemple chez TAG Heuer sous le nom de « Calibre 7 », mais également dans d’autres montres signées Mühle-Glashütte ou Ulysse Nardin.
Le Valjoux 7750 est le mouvement chronographe mécanique le plus populaire d’ETA tandis que la série Unitas, dérivée des calibres de montres de poche, se prête particulièrement à une utilisation dans de grands boîtiers. Si vous avez possédé une montre homme compacte au cours des dernières décennies, il y a fort à parier que celle-ci était munie d’un petit mouvement plat à remontage manuel Peseux 7001. La marque Louis Erard est depuis longtemps une cliente fidèle de ce mouvement, qui est associé à un module afin d’alimenter les modèles Régulateur.
Le lancement de la série ETA Valgranges a permis de répondre parfaitement à la tendance des diamètres élevés : derrière des désignations moins accrocheuses telles que A07.111 se cachent tout simplement des variantes de mouvements Valjoux avec des diamètres plus importants.
Les marques du groupe utilisent déjà depuis quelques années des versions améliorées du classique 2824-2 avec de nouveaux matériaux. Elles sont désormais commercialisées sous le nom de Powermatic 80 – ce qui est, avouons-le, plus classe que la référence officielle C07.111. Ces calibres disposent d’une réserve de marche de 80 heures et sont également disponibles avec des composants en silicium, par exemple chez Tissot.
Également bon à savoir : les mouvements sont généralement disponibles dans différents niveaux de finition, Standard, Élaboré, Top et Chronomètre, qui sont attribués en fonction de la complexité du traitement de surface, de la précision de la régulation ou de l’obtention d’une certification chronomètre. Essayez dans la mesure du possible de prêter attention à cette mention – si celle-ci est fournie par le fabricant.
Impossible de ne pas mentionner le mouvement à remontage automatique Sistem 51, qui n’a que quelques années au compteur mais a fait ses premiers pas dans les montres Swatch du même nom, logé dans un boîtier en plastique. Ce mouvement entièrement automatique possède réserve de marche de 80 heures, ne peut être régulé ultérieurement et utilise entre autres des composants d’échappement en plastique – pas étonnant qu’il ait eu du mal à se faire accepter par les puristes à ses débuts… Il est désormais également disponible dans un boîtier en métal et une version esthétiquement et techniquement améliorée appelée « Swissmatic », qui alimente les modèles du même nom.
Sellita
Sellita existe en tant que société depuis les années 1950 mais n’officie en tant que fabricant d’usine suisse indépendant et commercialisant lui-même ses produits que depuis 2003, lorsque les derniers jours de la collaboration entre ETA et des sociétés tierces semblaient comptés. La grande majorité des mouvements produits s’inspirent des mouvements ETA dont les brevets correspondants ont expiré depuis longtemps : le best-seller Sellita SW 200 correspond par exemple à un ETA 2824-2, le SW 300 est identique au 2892 et le SW 500 n’est autre qu’un clone du Valjoux 7750. Sellita propose même le SW 200 dans les quatre niveaux de finition typiques d’ETA afin de pouvoir offrir des remplacements parfaits aux anciens clients de l’entreprise.
De petites modifications sont visibles çà et là, mais les mouvements Sellita sont considérés comme supérieurs ou égaux à leurs originaux en matière de fonction et de fiabilité. L’approvisionnement en mouvements pouvant varier selon les périodes, certains fabricants de montres indiquent explicitement que leurs modèles seront équipés de mouvements ETA OU Sellita en fonction de la situation actuelle du marché.
Le développement futur de mouvements propres pour la production en série est déjà à l’ordre du jour et une extension de la zone de production en 2019 suggère que Sellita a également la volonté et les moyens de le faire.
Si vous voulez en savoir plus sur Sellita, vous pouvez visionner la vidéo de notre visite de 2018 sur la chaîne YouTube de Chrono24 afin de découvrir de rares images de la production. Dans un autre article de la série « Personnalités de l’industrie horlogère », nous nous sommes par ailleurs intéressés à la carrière de Sébastien Chaulmontet, l’un des cadres supérieurs de l’entreprise.
Seiko
Le mouvements signés Seiko se retrouvent bien entendu dans les montres du groupe, mais sont également très courants dans les montres automatiques abordables de nombreuses marques internationales.
Derrière le nom Seiko se cache tout un groupe d’entreprises remontant à la boutique de montres de la famille Hattori, fondée à la fin du 19e siècle, et opérant de nos jours dans des branches très diversifiées et souvent gérées de manière indépendante. Le nom TMI – Time Module ne vous dira probablement rien : cette filiale de Seiko commercialise les mouvements Seiko à des sociétés tierces, généralement sous des noms qui les rendent difficiles à identifier. Le best-seller de TMI est probablement le NH35, appelé 4R35 dans les modèles Seiko, un mouvement à remontage automatique à trois aiguilles avec date, stop seconde et possibilité de remontage manuel. Économique et complet, il est même intégré dans des montres coûtant moins de cent euros.
Si vous cherchez un chronographe mécanique abordable mais possédant des équipements mécaniques de qualité, tels qu’un embrayage vertical et une roue à colonnes pour ne citer qu’eux, vous pouvez vous lancer à la recherche d’une montre munie du très rare TMI NE88, qui n’est autre qu’un mouvement chronographe Seiko de la série 8Rxx.
Citizen Miyota
Citizen est également l’un des groupes d’entreprises les plus répandus au Japon. Alors que le nom de Citizen est associé aux montres à quartz produites en masse et à la populaire série de montres solaires Eco Drive, Miyota se charge de la production mécanique à grande échelle.
Les mouvements à remontage automatique à trois aiguilles Miyota 821A et 8215 utilisés depuis plusieurs décennies sont des alternatives tout à fait convaincantes, en particulier pour les micro-marques et les modèles d’entrée de gamme de marques établies. Une seule ombre au tableau : l’absence de stop seconde, qui ne joue pas en leur faveur auprès des amateurs de montres – du moins depuis que Seiko a lancé le NH35. Le Miyota 9015 est lancé en 2009 afin de répondre aux exigences les plus élevées. Plutôt utilisé dans les modèles de milieu de gamme et supérieurs, ce mouvement au design plus élégant est muni du fameux stop seconde et dispose d’une puissance suffisante pour les complications dont sont équipées les autres versions.
Les « mentions honorables »
Place maintenant à des fabricants dont les mouvements sont certes moins fréquents dans les montres populaires auprès des novices, mais qui méritent tout de même une présentation.
Seagull
Les fabricants de mouvements chinois ont été longtemps mal vus par les passionnés de montres occidentaux jusqu’à ce que la société Tianjin Sea Gull remporte un succès culte avec le ST19, une réplique du mouvement chronographe historique Venus 175. Ce mouvement rétro qui a conquis le reste du monde se retrouve bien entendu dans les montres signées Sea Gull, mais est également utilisé par de jeunes marques – à l’instar de Baltic Watch.
STP
STP est l’acronyme de Swiss Technology Production, une entreprise appartenant à FOSSIL Peu de monde le sait, mais la marque surtout connue pour ses montres tendance à quartz produit également des mouvements mécaniques et les vend à des tiers. Sternglas, une marque très présente sur les réseaux sociaux en Allemagne, équipe par exemple l’un de ses modèles du STP 1-11, dont la construction est identique à celle du célèbre ETA 2824-2.
Ronda
Connue pour la fiabilité de ses mouvements à quartz suisses, Ronda annonce en 2016 son retour sur le marché avec un mouvement mécanique basé sur une conception entièrement nouvelle. Le Ronda Mecano R150 a été rarement aperçu en chair et en os, mais nous sommes curieux de savoir s’il est effectivement capable de se faire une place à côté des best-sellers établis venant de Suisse et du Japon.
Quelques conseils généraux pour l’identification des mouvements
Il n’est parfois pas évident de savoir quel type de mouvement se trouve réellement à l’intérieur d’une montre. De nombreuses marques suggèrent l’exclusivité en inventant des noms déroutants derrière lesquels se cachent des mouvements souvent achetés auprès des suspects habituels. Cette technique est utilisée pour donner l’impression d’un calibre de manufacture – parfois à juste titre, car un grand nombre de marques apportent leurs propres modifications aux mouvements, ajoutent d’autres modules ou le retravaillent à leur manière. Dans ce cas, vous devez vous attendre à un prix plus élevé mais justifié. En tant qu’acheteur, vous devez examiner le mouvement sous toutes les coutures et vous renseigner sur son pedigree.
Les cas les plus complexes peuvent être résolus en postant des photos du mouvement ou du fond en verre dans un forum spécialisé, ou encore en consultant des banques de données dédiées aux mouvements, qui recensent souvent des dénominations alternatives ou une liste des marques qui utilisent un mouvement particulier dans certains de leurs modèles. Si vous ne pouvez observer le mouvement qu’en photo, vous pouvez prêter attention aux détails particulièrement marquants et utiliser des photos des « classiques » présentés ici à titre de comparaison.
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